« De Bodh-Gaya à Paris 25 siècles de culture bouddhique »

Vesak 2009 - Exposition sur le Bouddhisme à la Mairie de Paris

16 mai 2009

AU CŒUR DE PARIS

SOUFFLE UNE BRISE DE BIENVEILLANCE

En l’occasion du don des Précieuses Reliques du Bouddha Shakyamuni offertes par la Thaïlande à la France cette année, l’Union Bouddhiste de France a voulu célébrer ce geste fort de transmission par l’organisation festive et solennelle du Vesak 2009.

Un des moments forts de ce week end de fête fut l’exposition organisé à la Mairie de Paris, une exposition voulant relever plusieurs défis à la fois.

Présenter une vision transversale des diverses traditions bouddhiques et mettre en évidence les points d’encrage communs dans l’enseignement transmis par le Bouddha Shakyamuni ; donner une vision large des enseignements riches et divers découlant des différentes lignées et cultures ayant embrassé la sagesse bouddhique depuis 25 siècles ; intégrer la vision et les émotions provenant de la rencontre d’artistes contemporains avec le bouddhisme ; transmettre des valeurs fortes et universelles à chaque visiteur, à travers cette exposition éphémère ; construire un pont harmonieux entre l’Asie et la terre de France. Un pont. C’est exactement cela. Au lieu d’amasser les ruines de nos différences illusoires, la fête du Vesak 2009, ce fut un mouvement commun de « bâtisseurs » de dialogue, de partage et d’échange ; bâtisseurs de ponts nous reliant.

Emerveillement

Cela fait certainement partie de tout ce qui nous échappe dans le mouvement du Dharma. C’est peut être même le miracle perpétuel du Dharma : l’émerveillement. Si l’on me posait la question : « Alors, quel est l’écho, le sentiment après coup, de ce week end du Vesak 2009 à la Mairie de Paris ?… »

Je répondrais : « Emerveillement ». Je ne saurais utiliser un autre mot pour décrire mon impression spontané, le souvenir, la marque de cet évènement.

L’Emerveillement. C’est fort possible que ce mot n’évoque plus grand-chose pour nos sociétés formatées, blasées, pressés, n’ayant plus de temps. Les mots sont si importants. Celui-ci comme tant d’autres a certainement perdu son sens profond. J’ai pourtant été profondément émerveillé. Quand on dit Bouddhisme, soudainement apparaît l’intérêt et avec lui un tas d’images et de repères plus ou moins exotiques liés à cette Sagesse plusieurs fois millénaire. Des valeurs fortes apparaissent à l’esprit… non violence, amour, compassion, tolérance… Pourtant qui est Bouddha, quel est son enseignement, quelles sont les cultures qu’il a embrassé, voire impulsé, qu’est-ce que c’est le Bouddhisme en fin de compte ? Peu de gens intéressés par le « sujet » savent y répondre, certainement parce que le Bouddhisme dans son infinie richesse est si différent, si complexe, tellement varié, large, vaste, intemporel, échappant aux définitions que l’on se fait en occident de la religion, de la spiritualité, de la philosophie. Et puis sur le sol de notre pays il n’a qu’une trentaine d’années….. Néanmoins ce qu’il émane, attire et intéresse. Souvent il répond. Il répond aux questions fondamentales de nos sociétés en perte de repères et de sagesse.

« Venez et voyez »

L’exposition « De Bodh-Gaya à Paris, 25 siècles de cultures bouddhiques », a été de façon évidente pour l’Union Bouddhiste de France l’occasion de murmurer avec mansuétude et simplicité : « ehi passika ». « Venez et voyez. » IL est difficile de répondre à toutes les interrogations que l’on peut se poser sur le bouddhisme, son essence et son histoire. Difficile, voir impossible. L’immense merveille qui habite le Dharma, est qu’il est infini, sans étiquette, sans dogme aucun. Sans commencement, et sans fin puisque chacun d’entre nous continue de l’écrire à l’encre de sa propre expérience de sa propre existence. En cela le bouddhisme, le Dharma sont profondément vivants, de génération en génération, vie après vie…. Et donc difficilement définissables. « Venez et voyez » était l’invitation tacite de cette exposition. L’exposition de la Mairie de Paris ne se voulait donc pas intellectuelle, ou didactique ou encore pédagogique, artistique, spirituelle, philosophique. Et elle était tout cela à la fois. On pourrait dire qu’elle était vraiment bouddhique, capable de tout embrasser, de s’adapter à tout, de tout prendre et tout donner. De parler à chaque être.

Un moment privilégié de partage

Les œuvres centenaires des musées Cernuschi et Guimet se sont mélangés aux calligraphies, aux peintures contemporaines d’Arnaud Prinstet, Remy Gastimbide, Grazyna Perl, aux sculptures modernes d’Eric Dartois. Les très belles photos du globe trotter et photographe Christophe Boisvieux ont apporté toute l’émotion de ses voyages et ses rencontres avec les innombrables cultures bouddhiques. Le parcours de l’exposition étant ponctué par certains des plus beaux textes de la pensée et de la spiritualité bouddhique

Tout un monde en une salle du XXe siècle au cœur de Paris, au centre de laquelle trônaient dans une grande simplicité les Précieuses Reliques du Bouddha Historique.

Très tôt les visiteurs se sont amassés sur le parvis de l’Hôtel de Ville en attendant de pénétrer dans la salle où se tenait l’exposition ; tout aussi tôt nous (les organisateurs) avons perçu l’immense émotion qu’est descendue sur ce lieu et sur chaque visiteur. « On entrait dans ce lieu par la ville bruyante en apportant curiosité et questions…. Et on est sorti sans paroles, apaisé et en gardant le silence entre nous pendant quelque minutes… » me confie dans un e-mail un visiteur de l’exposition.

C’est pour cela que mon souvenir est émerveillé. Les gens changeaient de visage, se blottissaient dans un coin de la pièce pour se recueillir et absorber cette paix rayonnant autour des Reliques… Ceratins relisaient plusieurs fois les textes bouddhiques exposés, d’autres cherchaient les badges des organisateurs pour pouvoir poser des questions, étancher la soif de cette même paix, d’autres encore improvisaient des carnets de notes sur des petits morceaux de papier, ou à l’aide de leur téléphone photographiaient les textes. Et d’autre encore immobiles fixaient les photos ou les œuvres en une quasi contemplation pendant que d’autres flânaient laissant leur regard caresser le moment… Une dame me dit : « Je viens à Paris presque chaque week end pour au moins une expo ; aujourd’hui ce n’est pas à une exposition que je participe mais à un moment de partage. Je suis juive, mais je pars avec cette phrase que je viens de noter sur mon calepin : ‘ En regardant le monde avec l’œil de Bouddha, tout est Bouddha.Tous les êtres sensibles et insensibles sont la Voie : l’herbe, la pierre, l’arbre, le pays, la fleur, la planète, tout est Bouddha.Découvrir notre Nature. Découvrir la Nature vraie de la réalité, c’est embrasser d’un seul regard le panorama de l’univers. Quand on a compris cette vision, on a compris l’enseignement du Bouddha’. Voilà, c’est ça ! Je viens d’avoir l’impression que tout est Bouddha si cela veut dire que nous aspirons tous à cette même paix, harmonie, ce bonheur, et que nous pouvons les partager ; pourtant je ne suis pas bouddhiste… »

Alors, si cette exposition avait dû répondre à la question : « Qu’est-ce que c’est le Bouddhisme ? »…. La réponse n’aurait été autre que l’ensemble des toutes ces personnes d’origines, croyances, cultures, aspirations, visions différentes, goûtant à la même paix et bienveillance.

C’est dans tous ces pas surpris, ces sourires apaisés, ces regards émerveillés, ces mots bienveillants, … c’est en chacun de ces visiteurs que s’est accomplie cette Parole de Bouddha écrite en grandes lettres sur le panneau d’entrée de l’exposition : « Tous les êtres vivants possèdent le nature de l’Eveil. Tous sont des Bouddhas en devenir. »

Federico PROCOPIO Abbé de la lignée Kwan Um Zen

« Impossible de définir ce qui est par delà les mots. Dans le pinceau ne doit même pas rester une goutte d’encre. » (Maître Dogen)

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