978-2-909422-90-9

Le Shôbôgenzô - In Mô

Le Shobogenzô, composé vers 1242 par le maître zen Dogen Zenji, traite de la vision juste et de la voie de l’éveil. Ce texte s’appuie sur la pensée de Nâgârjuna, fondateur de la tradition du bouddhisme Mâdhyamaka, et sur la patrologie chan de l’époque Tang. In-mo désigne la nature véritable des choses, l’ainsi. Le texte japonais est une reproduction de calligraphies datant de 1686.

Tout au long de son grand traité d’athéologie, le Shobogenzo Dogen (1200-1253) enseigne la vision juste. Voir juste c’est voir en cessant de voir ce qui n’est pas, c’est s’éveiller à la vraie nature des choses. La vraie nature des choses, le cœur, est sans qui, ni quoi, sans quand, ni où, calme et apaisée, vide. Mais l’éveil à est une manière de dire. L’éveil ne s’obtient pas. L’éveil et l’homme et le mouvement de l’un vers l’autre sont des hypostases ; aucun n’existe en soi, indépendamment de l’autre. Dôgen met en exergue le syllogisme du maître chan Yunju Daoying ( ?-902) : l’homme, tout homme sans exception, est déjà l’éveil ; l’éveil est déjà l’homme ; donc il n’y a pas à se soucier d’obtenir l’éveil. Cette voie sans trajet, de plain - pied avec l’éveil, s’appelle tout simplement ça. Si c’est la pensée sans compromission de Nâgârjuna, le fondateur de la tradition du bouddhisme Mâdhyamaka, qui constitue l’ossature du Shôbô - genzô c’est la patrologie chan de l’époque Tang qui fait office de matériau, un matériau souple et malléable, indispensable à l’expression de l’audacieuse méthode exégétique de son auteur. Les mots y sont considérés non pas comme sacrés, mais comme le filet qu’on jette après avoir attrapé sa proie.


Homme d’affaire, arrivé au Japon en 1982, j’éprouvais rapidement le désir de ne pas me contenter d’y faire des affaires. Les lectures ne suffisant pas, c’est armé de la pleine confiance d’Encre Marine que je me lançais dans la traduction, si partielle fût-elle, d’une œuvre bouddhique, le Shôbôgenzô, d’un auteur réputé difficile, Dôgen, pleinement conscient de ma responsabilité de traducteur : amener le lecteur à l’auteur et l’auteur au lecteur.

Quel auteur ? Dôgen était un philosophe fait moine, tout autant que moine fait philosophe, phénomène relativement unique au Japon où les grands personnages religieux furent souvent des personnages pragmatiques, soit gestionnaires, soit devins et thérapeutes au service du pouvoir, soit vulgarisateurs, soit tout simplement shamans. Son immense culture et son engagement sans concession pour le rétablissement de l’orthodoxie et l’orthopraxie mahayanistes le feraient taxer aujourd’hui d’intellectuel hautain et d’ardent réformateur.

Quel lecteur ? N’étant pas bouddhiste moi-même, je m’élève bien naturellement contre l’ostracisme des zennistes lorsqu’ils prétendent qu’il est nécessaire de s’adonner à la méditation yogique (zazen) pour comprendre les textes zen, dont ceux de Dôgen. Je m’adresse donc à tout lecteur quel qu’il soit, philosophe athée, chrétien ou bouddhiste pratiquant ou simplement toute personne intéressée à la pensée extrême-orientale.

Charles Vacher, traducteur de l’ouvrage

Traduit par Charles Vacher

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut